Des associations et de nombreux professionnels de santé réclamaient urgemment des mesures afin d’améliorer l’accès à l’IVG, rendu difficile par le contexte de l’épidémie de Covid-19. L’HAS vient enfin de proposer une première série de mesures en ce sens. Le Planning familial regrette néanmoins l’absence d’allongement du délai légal total pour le recours à l’IVG, toujours limité à 14 SA . Il est important de rappeler que l’IVG reste bien un acte prioritaire et que la prise en charge ne doit pas être retardée par crainte du Covid-19 ou par peur d’encombrer les services de soins.

Première mesure : allongement du délai

L’arrêté du 15 avril 2020 allonge le délai de recours à l’IVG médicamenteuse de 7 à 9 SA en ville. Les conditions requises sont les mêmes que pour toute IVG médicamenteuse : choix de la patiente, ne pas présenter de contre-indication à la prise de médicaments abortifs et pouvoir se rendre à tout moment et en moins de 1h dans l’établissement de santé conventionné avec lequel travaille le praticien. Établissement d’un protocole exceptionnel hors AMM pour la prise en charge de l’IVG médicamenteuse en ville pour les grossesses entre 7 et 9 SA (cf. annexes du protocole rédigé par la DGOS).

Seconde mesure : IVG par téléconsultation

Afin de limiter les déplacements, les consultations peuvent être réalisées à distance par téléconsultation si le professionnel l’estime possible et que la patiente donne son accord. À tout moment, la patiente doit pouvoir consulter en présentiel si c’est son choix. L’ensemble du parcours peut s’effectuer en téléconsultation et les modalités sont bien décrites dans les guides édités par la DGOS. Dans le cas d’une téléconsultation, l’ordonnance des traitements médicamenteux (abortifs) – comportant le nom de la pharmacie d’officine choisie par la patiente – est transmise directement à la pharmacie, en s’assurant de la bonne réception.

Il faut bien expliquer à la patiente que certains actes du parcours de l’IVG devront nécessiter un déplacement : par exemple, la réalisation d’examens complémentaires, l’injection d’immunoglobulines anti-D si la femme est de rhésus négatif ou encore la délivrance des traitements en pharmacie.

Ce qui ne change pas

  • Le référentiel de bonnes pratiques de l’IVG médicamenteuse
  • Gratuité
  • Transmission des coordonnées du centre de référence auquel le praticien est rattaché
  • Pour les mineures, anonymat possible, obligation de consultation (possible aussi à distance) avec conseillère conjugale ou psychologue, obligation d’être accompagnée d’un titulaire de l’autorité parentale ou d’un majeur
  • La consultation de contrôle entre J15 et J21 doit être effectuée (elle peut aussi s’effectuer à distance)
  • Numéro vert national d’information : 0 800 08 11 11
    Sites utiles : adresses de centres d’IVG, portail gouvernemental

Ce qui change

  • Prendre en compte que l’obtention des examens complémentaires peut être plus compliquée et que le réseau habituel peut ne pas être disponible : vérifier la disponibilité et l’ouverture des structures et des numéros transmis à la patiente. En cas de demande à une date limite pour la réalisation orienter directement et rapidement vers un centre hospitalier de planification familiale
  • Protocole spécifique en cas d’IVG médicamenteuse entre 7 et 9 SA en ville (cf protocole pour les mineures et majeures de la DGOS)
  • La première prise de médicament doit toujours s’effectuer avec un professionnel mais peut s’effectuer en téléconsultation. La seconde prise peut aussi être faite en téléconsultation si la patiente le souhaite.
    À noter que si une injection d’Ig anti-D est nécessaire, on profitera de ce contact avec la patiente pour qu’elle prenne le premier médicament en présence du professionnel de santé.
  • Pour les antalgiques remplacer les AINS par des paliers 2 en cas de suspicion de COVID
  • Transmission de l’ordonnance de médicament abortif directement en pharmacie (et vérifier qu’elle a bien été reçue). Délivrance des médicaments sans frais et anonymement à la patiente par le pharmacien, avec la mention « délivrance exceptionnelle », en conditionnement individuel. Il informe le prescripteur de la délivrance des médicaments.
  • Cotation de consultation n’incluant pas la délivrance médicamenteuse si elle est faite en pharmacie.

Sources