#46 | 16 août 2019

Après tout, le réchauffement climatique est inéluctable, les épisodes de canicule se multiplient et certains confrères prennent déjà des libertés vestimentaires en été…

Mettons tout de suite de côté le cas des médecins généralistes salariés qui peuvent être contraints par le règlement intérieur de leur entreprise : les affaires litigieuses et les jurisprudences sur cette question chez les salariés sont nombreuses. La « liberté de se vêtir » n’est pas une liberté fondamentale au sens du code du travail et les salariés au contact du public peuvent être soumis à davantage de contraintes. Donc renseignez-vous avant de sortir le marcel et les tongs !

En ce qui concerne les généralistes libéraux, réglementairement rien ne semble empêcher le médecin de choisir comme bon lui semble sa tenue vestimentaire, dans les limites évidentes que rappellent la loi et le code de déontologie médicale (articles 3, 31 et 49 : moralité, hygiène et déconsidération de la profession). Difficile d’y voir des contre-indications au bermuda. Mais restons néanmoins prudents, on sait que les actes de nature à déconsidérer la profession peuvent être interprétés très subjectivement !

« Le médecin […] doit tout mettre en œuvre pour obtenir le respect des règles d’hygiène et de prophylaxie ». La blouse ne fait pas le médecin : faute de preuve sur l’incidence des infections liées aux soins, on sait qu’en cabinet médical le port d’une blouse n’est pas recommandé de manière systématique. C’est une tenue propre, changée quotidiennement et dès qu’elle paraît visiblement souillée, qui est privilégiée. L’expérience porte d’ailleurs à croire qu’une tenue de ville est lavée plus régulièrement qu’une blouse, car la routine invite plus souvent à la laisser sur un porte-manteau.

On pourrait croire que la tenue vestimentaire du médecin est un sujet un peu « léger » mais les travaux sur le sujet sont nombreux.
Dans notre société, la tenue vestimentaire est encore associée à l’importance de l’activité. On s’habille donc « sérieusement » pour traiter les « affaires sérieuses ». La tenue vestimentaire du médecin généraliste a un impact sur le patient, qui a tendance à associer consciemment ou inconsciemment l’apparence physique et l’attitude du médecin généraliste. Ceci peut donc influer sur la relation de soins. Imaginez-vous prendre l’avion et voir le pilote arriver en débardeur, short et tongs… Même si cela n’enlève rien à ses capacités, ne le préféreriez-vous pas en uniforme ?

Si les représentations des patients sur l’apparence physique sont ambivalentes, ceux-ci semblent être plutôt en faveur d’une apparence simple et naturelle et moins apprécier les tenues extravagantes. La blouse apparaît encore à leurs yeux comme une valeur sûre (surtout en milieu hospitalier), bien que les tenues « semi-formelles » (tenues de ville) arriveraient en tête de leurs préférences.

Si quand bien même vous tenez à vous mettre en bermuda, rassurez-vous : pour les patients un large sourire et un accueil convivial seraient plus important que le style vestimentaire.

Effet blouse blanche : que les inconditionnels de la blouse blanche se rassurent eux aussi ! Même si elle peut être accusée de déshumaniser plus ou moins le médecin, il semblerait que le simple fait de porter une blouse blanche de médecin rende plus attentif et efficace !

Finalement le mieux pour se retrouver en bermuda reste de prendre des vacances, courtes et studieuses ou pas, mais souvent bien méritées !

Références :

  1. Jurisprudence de la Cour de cassation
  2. HAS – Hygiène et prévention du risque infectieux en cabinet médical ou paramédical
  3. Motamed S. Tout en enfilant sa blouse blanche, on s’interroge. Revue médicale suisse. 2006;2(85):2508-10.
  4. Slate. Porter une blouse blanche de médecin vous rend plus attentif et efficace